- DIX (O.)
- DIX (O.)DIX OTTO (1891-1969)Le peintre allemand Otto Dix a joué vers 1925 un rôle capital au sein de la Neue Sachlichkeit («nouvelle objectivité»). Il est passé par l’impressionnisme et par un cubisme décoratif déjà allégorique quand, en 1920, il se lance dans le mouvement dada. Déjà il se distingue par l’extrême violence dénonciatrice de ses toiles, dont certaines traduisent directement l’horreur que lui a laissée la guerre de tranchées. Après la dispersion du dadaïsme allemand, Dix cède à son penchant pour une imagerie accusatrice, qui fait par exemple de Lustmörder (1920, tableau disparu mais connu par des photographies), terrifiant portrait d’un sadique, l’équivalent des films expressionnistes contemporains. Jusqu’en 1930, Dix continue dans cette veine la description satirique de la bourgeoisie (Portrait de Uzarski , 1923, coll. Feiger, Chicago). Parallèlement, il exécute des œuvres dont le réalisme stylisé a quelque chose d’hiératique, relevant peut-être d’une lointaine influence de De Chirico (Portrait de mes parents , 1924, musée de Hanovre). Enfin, il introduit dans d’autres toiles une angoisse devant le vieillissement, qui l’apparente, en plus morbide, aux maîtres allemands du XVe siècle (Couple d’amoureux mal assortis , 1925). Il évoque, avec la même vigueur naïve et à peine moins de férocité, les lieux de plaisirs populaires (Souvenir de Hambourg , galerie Mirendorf, Berlin) et il a maille à partir avec la République de Weimar pour l’«obscénité» de son tableau Jeune Fille devant son miroir . Professeur à l’École des beaux-arts de Dresde, il est l’objet de poursuites de la part des nazis dès leur avènement. Plus de deux cent cinquante de ses toiles sont détruites; il est chassé de son poste, et c’est un être brisé qui réussit à gagner la Suisse, où il se consacre alors à une peinture religieuse lourde et fade.
Encyclopédie Universelle. 2012.